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CHRSM - site Sambre

Cancer du sein : « Ce jour-là, j’ai su »

Nous vous proposons un témoignage pas comme les autres, c'est celui de Christelle qui se confie.

Il était une fois une boule. Une toute petite masse, aussi dure qu’un caillou, nichée près de mon sternum côté droit. Je l’ai sentie, le samedi 1er août 2020, suite à un pincement douloureux. Même si mon intuition avait capté, il restait un minime espoir d’un autre diagnostic.

Pas question de faire l’autruche : j'ai donc pris rendez-vous avec mon médecin généraliste dès le lundi soir. Il n’a pas hésité : mammographie en urgence. Tout est allé très vite.

Quelques jours plus tard, au vu des images à la mammographie, le radiologue a décidé de réaliser une échographie et, dès qu’il a posé sa sonde à l’endroit suspect, son visage s’est fermé. J’ai vu l’inquiétude dans ses yeux avant même qu’il ne dise un mot. Je l’ai assuré que j’étais prête à entendre. Il m’a alors regardée et m’a dit : ce n’est pas bon, on va procéder à des biopsies et envoyer les prélèvements au laboratoire d’anatomopathologie.

Les jours qui ont suivi m’ont semblé durer une éternité. Le 11 août, le mot a été prononcé : c’était un cancer. Au moins, j’étais fixée.

Monter dans le train

Deux jours plus tard, je rencontrais Mme Deledda, infirmière coordinatrice des soins oncologiques. Après s’être inquiétée de mon état d’esprit, elle m’a précisé que tout était déjà planifié : scanner, scintigraphie, pose du port-a-cath, consultations… Tout était organisé, ce qui allégeait mon esprit au vu de la multitude d’informations à assimiler. Il ne me restait plus qu’à monter dans le train. Lors de ce premier contact, elle m’a également remis des brochures explicatives et des adresses utiles (perruquier, boutiques de lingerie adaptée…).

Nouvelle IRM dans la foulée pour affiner le diagnostic : 10 zones ont pris le contraste dans mon sein droit. La situation se corsait. Nouvelles biopsies. Prélèvements supplémentaires adressés au laboratoire d’anatomopathologie.

Le 19 août, j’ai vu le Dr Malingret, gynécologue. « Nous sommes en guerre mais nous allons déployer un plan de bataille » a-t-elle dit. Elle a également ajouté que je pouvais remercier ma bonne étoile d’avoir ressenti une douleur… Je n’oublierai jamais ses mots. Après notre entretien j’étais prête : mastectomie totale. Il fallait aller vite, frapper fort.

Sans mon mari...

1er septembre, jour de l’intervention. En raison de la crise Covid et de ses restrictions de visites, mon mari n’a pas pu m’accompagner en chambre. Mais je ne me suis pas retrouvée seule. Mon amie, infirmière en cheffe dans une autre unité, ma petite fée, m’attendait.

Une demi-heure avant d’entrer au bloc, je me suis retrouvée sur la table de la scintigraphie. On m’y a injecté un produit de contraste pour repérer le ganglion sentinelle. Et on m’a demandé de masser la zone pour répartir le produit. C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience d’une chose : je touchais pour la dernière fois cette partie de mon corps.

L’intervention s’est bien déroulée, l’hospitalisation a duré deux jours. Pas de douleur excessive donc pas besoin de morphine. Le lendemain, le Dr Malingret a retiré les pansements. Je pouvais choisir de ne pas regarder mais j’ai voulu affronter d’emblée cette amputation et cette nouvelle image de moi-même. Ce que je garde précisément de ce moment, c’est la sensation désagréable d’endormissement de la peau, comme quand on se brûle. Mais je ne regrettais rien. Surtout après avoir appris que le ganglion sentinelle était atteint. Mon choix avait été le bon.

 

Une prothèse en guise de parenthèse

Avant mon retour à la maison, j’ai reçu la visite de l’infirmière en soins de bien-être. Elle m’a présenté les différentes prothèses amovibles, celle que l’on met en post-op immédiat et celle que l’on utilise après 6 semaines. Dès qu’elle me l’a mise, une poitrine complète s’est de nouveau dessinée sous mon t-shirt. C’était une parenthèse satisfaisante dans la succession des derniers événements.

Mais ce n’était que le début du combat.

Mon cas a été discuté en CMO (Commission multidisciplinaire d’oncologie). C’est à l’issue de cette rencontre entre spécialistes que j’ai appris que le traitement serait lourd, moi qui avais imaginé m’en sortir avec quelques séances de radiothérapie. Résultat : quatre grosses cures de chimio espacées de deux semaines, suivies de cures quotidiennes plus légères pendant douze semaines, et enfin radiothérapie. Et nous voilà partis pour 6 mois de traitement.

La chimio a débuté le 24 septembre, quelques jours après la pose du port-a-cath en hôpital de jour. On m’avait prévenue : les cheveux tomberaient dans les 15 jours. Le 15e jour, j’avais encore ma chevelure. Je me suis mise à espérer. Et puis, à J+18, ils ont commencé à tomber. Tous. Suivis des sourcils et des cils. J’évoque plus spécifiquement cet effet secondaire de la chimio car ce fut l’épreuve la plus dure de mon parcours de soins.

Mais tant à la maison qu’à l’hôpital, je n’étais pas seule. Le personnel infirmier, mon oncologue et d’autres prestataires (psychologue, diététicienne, infirmière référente en soins bien-être) avaient toujours un petit mot gentil, un geste réconfortant, un sourire, une oreille attentive. À chaque séance, je retrouvais le même rituel rassurant : pesée, prise de la température, désinfection du port-a-cath… et toujours ce sentiment d’être accompagnée.

Noël, c'est Noël

Petit souvenir qui me fait encore sourire aujourd’hui : les 24 et 31 décembre, l’équipe avait mis des masques – encore en tissu à ce moment-là – ornés de décorations de Noël, un bonnet ou des boucles d’oreilles en forme de boules. Moi aussi, j’ai joué le jeu. Cette humanité m’a portée.

Mi-février 2021, la chimio était enfin derrière moi. On m’a proposé un moment de répit mais je voulais en finir au plus vite. Début mars, la radiothérapie commençait après avoir procédé aux repérages dans l’accélérateur (appareil de radiothérapie) quelques jours auparavant. À la troisième séance sur les 17 prescrites, alors que j’apercevais le bout du tunnel, j’ai perdu ma petite maman. Je lui ai tenu la main jusqu’à la fin dans une chambre du CHRSM. Encore une épreuve.

Au cours de ces longs mois de traitement, j’ai rencontré à plusieurs reprises le Dr Johnen, chirurgien reconstructeur, pour discuter de ce que je voulais : retirer le second sein et reconstruire les deux. Ne plus me réveiller un matin avec la peur qu’il se passe quelque chose de l’autre côté. L’opération a eu lieu le 22 mars 2022. Un soulagement.

Après toutes ces étapes, on remonte à la surface, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois. La fatigue devient moins plombante, les cheveux repoussent, la concentration revient, les pertes de mémoire disparaissent et les angoisses s’estompent.

5 ans plus tard,... MERCI !

Nous sommes à présent à 5 ans du diagnostic. Je subis les effets de l’hormonothérapie, je vois mon oncologue deux fois par an, je fais une IRM chaque année. J’ai eu deux alertes, deux peurs, mais à chaque fois, j’ai été prise en charge immédiatement. Je ne suis jamais seule. Même après la fin des traitements, l’équipe reste disponible.

Par ce témoignage, je souhaite éclairer et soutenir les battants qui sont en plein processus ou qui viennent d’apprendre le verdict. J’ajouterais que les différents services du CHRSM qui prennent en charge le cancer du sein m’ont permis d’affronter cette tempête avec confiance et sérénité et, comme dirait une autre de mes amies : « le printemps revient toujours ».

Le dépistage est crucial

En Belgique, plus de 11 300 nouveaux diagnostics de cancer du sein sont posés chaque année, dont près de 11 200 chez les femmes, ce qui en fait le cancer le plus fréquent dans cette population. La majorité des cas surviennent après 50 ans, avec plus de 80 % des nouveaux diagnostics posés à cet âge, et l’âge moyen au moment du diagnostic est de 64,5 ans. Grâce à une détection précoce, le taux de survie à cinq ans atteint 92,6 %. Ces chiffres rappellent combien le dépistage reste essentiel : détecter tôt, c’est sauver des vies.

Au CHRSM, nous avons la chance de pouvoir compter sur une équipe pluridisciplinaire spécialisée sur nos deux sites, composée de médecins, infirmières, psychologues, diététiciennes, paramédicaux et équipes de soins de bien-être. Tous unissent leurs forces pour accompagner chaque patiente dans son parcours, de l’annonce du diagnostic jusqu’au suivi après traitements.